Un long moment de silence. Trop long pour une apnée. Et puis une dernière inspiration qui s’interrompt brusquement. sans qu’on sache qui de la machine ou du corps allongé a produit le mouvement. le dernier signe de vie.
Il est là lui toujours près de la porte avec son sac sur les épaules dans lequel il apportait des affaires pour sa mère désormais inutiles et son sachet de croissants à la main. il se sent un peu ridicule. non. désemparé plutôt.
Elle est là elle. sa mère. toujours près du lit mais (...)
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Il, et le père
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Il, et le père (10)
7 novembre 2014, par matthieu guérin -
Il, et le père (#9)
10 mai 2014, par matthieu guérinIl est dans la rue. Il va prendre le métro. pour rentrer chez lui. Il a passé la nuit dans la chambre à la peinture rose abîmée. Il se sent étonnamment bien. comme un petit garçon qui vient de passer le nuit dans la chambre de ses parents. Il sait pourtant que c’est le dernier jour pour lui là allongé dans le lit. Il a passé la nuit à moitié dans un fauteuil et à moitié sur un matelas par terre alternant avec elle. sa mère. Qui n’a pas voulu rester sur le matelas. Elle prend encore soin de lui comme s’il (...)
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Il, et le père (#8)
2 mai 2014, par matthieu guérinSes mains occupent son cerveau. C’est tout ce qu’il a trouvé. Et ce n’est pas encore assez. souvent.
Il regarde ses mains faire et son cerveau essaie de leur commander. de leurs dire ce qu’elles doivent exécuter. Il écoute le bruit de l’outil sur le bois. La râpe qui écorche. c’est le plus efficace et pourtant ce n’est pas celui qu’il préfère. Le bois est griffé. Entaillé profondément. on dirait le genoux d’un enfant qui est tombé en vélo et qui s’est râpé le corps ou le visage sur le sol bitumeux. C’est (...) -
Il, et le père (#7)
19 mars 2014, par matthieu guérinAssis sur un tabouret le dos droit pour ne pas avoir de crampes. Le visage bleui par la luminosité de l’écran. il fixe. l’écran. Il attend la réponse. Il attend une réponse de la machine. Depuis deux ans.
Il se lève traverse l’appartement mue par un mouvement nerveux. Il n’y a pas de réelle nécessité à ce déplacement. Le bruit. Le bruit peut-être de ses propres pas pour remplir l’espace sonore d’un semblant de vie. Celui de l’ordinateur l’oppresse quand il a passé trop de temps devant.
Il fait bouillir de (...) -
Il, et le père (#6)
16 janvier 2014, par matthieu guérinIl se souvient souvent d’une photo de son père. C’est à R... Dans la cour de la maison de sa grand-mère. Enfin, de sa mère, maintenant. parce que sa grand-mère, elle est morte. aussi. Mais ce n’est pas pareil pour la grand-mère. C’était sa grand-mère. Elle était vieille. Forcément.
Donc c’est dans la cour de la maison de sa mère. mais à cette époque c’était encore celle de sa grand-mère. Dans son esprit ça reste encore un peu la maison de sa grand-mère. Pas qu’il l’appréciait particulièrement mais admettre que (...) -
Il, et le père (#5)
19 décembre 2013, par matthieu guérinNoir. et silence.
Ce silence bruissant des nuits citadines. Pas un bruit si ce n’est ce grondement ni proche ni lointain de la vie nocturne de la banlieue ouest. enveloppant. Pas un bruit si ce n’est la respiration silencieuse du corps allongé à ses côtés. elle dort. Pas un bruit encore si ce n’est sa propre respiration qu’il veut bruyante pour remplir ses oreilles. faire venir le sommeil.
Ses yeux ouverts voient le noir épais et cotonneux. Ils ne voient pas rien. Ils voient le mur face au lit. (...) -
Il, et le père (#4)
8 novembre 2013, par matthieu guérinIl est dans l’escalier. S’enfonce un peu plus dans le sol.
Il n’utilise que très rarement l’escalier mécanique. Il n’aime pas sa lenteur et le monde qui l’emprunte. Et puis lui revient sans cesse cette scène de La Haine où Moussa compare l’homme qui passe avec ses sacs du supermarché sur un escalier mécanique à celui qui se laisse porter par le système. Le regard de cet homme. Il ne veut pas, lui, se laisser porter par le système. Il ne veut pas de ce regard. mort.
Devant lui une femme en robe d’été (...) -
Il, et le père (#3)
2 novembre 2013, par matthieu guérinMétro. Ligne 12. Wagon vide. Soupir strident des portes. Il est 16h30 fin août. Il s’assoit sur le strapontin du bout du wagon. Celui qui est près de l’extincteur. Dans le métro parisien, près de l’extincteur enfermé dans une boite métallique dont le haut est en pente - certainement pour qu’on ne puisse pas s’asseoir dessus et dont l’avant porte une vitre oblongue afin qu’on puisse voir le dit extincteur, il n’y a qu’un seul strapontin. Il peut poser son sac à côté de lui sans gêner personne. mais sans (...)
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Il, et le père (#2)
15 octobre 2013, par matthieu guérinUne semaine a passé. Il ne peut s’empêcher de revenir. Revenir voir s’il est. S’il est toujours. Ici.
Il ne peut s’empêcher de revenir sur ses pas. Ceux de la semaine dernière. C’est drôle, les bruits sont différents aujourd’hui. Les salles sont les mêmes, mais les bruits sont différents. Pas les assiettes. Les assiettes sont toujours là. Leur bruit du moins. Il ne trouvera toujours pas le restaurant.
C’est le bruit des pas qui est différent. Le bruit des semelles. Évidemment, il y a toujours ceux qui (...) -
Il, et le père (#1)
7 octobre 2013, par matthieu guérinHall. Sous un puits de lumière. Magma de sons. Du bruit. qui perturbe la compréhension. Le signal.
Puis il est dans un escalier. Frottements. Simple moment de transfert. pour tout le monde. Aucun son de voix. juste de frottements. Bruit des pantalons, des jupes, robes, des manches. Moment de relâchement. car ici il n’y a rien à voir. Pas de photos à prendre. Pas de comptes à rendre au retour. Tout le monde est soulagé.
Il surgit dans une galerie vide. Vide de visiteurs évidemment. Elle est pleine (...)